Venise au temps de Vivaldi

 compositeur classique
vivaldi
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La république aristocratique de Venise était scindée en trois strates non miscibles : le peuple (les popolani), la grande bourgeoisie qui détenait l’administration (les cittadini originari), et la noblesse composée des familles patriciennes d’ancienne origine qui détenaient le pouvoir et les richesses. Quarante-deux de ces familles composaient le Grand Conseil, qui élisait le Doge (Duc), symbole du pouvoir de l’État et représentant à vie de la Sérénissime République.

L’isolement protecteur de la capitale de la Sérénissime république – les eaux peu profondes qui l’entourent, empèchent l’approche des navires de guerre – lui apporta stabilité et sécurité : moins de criminalité qu’ailleurs, aucune guerre civile ni la moindre révolution. Il est vrai que l’espionnage des étrangers était de rigueur, avec de nombreux agents qui rapportaient leurs faits et gestes au palais des Doges, alors que les gondoliers étaient liés par serment au secret sur les conversations intimes de leurs passagers.

Mais Venise n’est pas seulement coupée des terres par sa lagune, elle est aussi en marge du temps par son calendrier julien qui fait débuter l’année le 1er mars, et par son horaire byzantin qui fait débuter la première heure du jour au coucher du soleil ! Venise, ville de la séduction masquée, mais si peu voilée, est tournée vers la fête et les plaisirs…

Un carnaval qui s’étale sur mois de l’année, auquel s’ajoutent 38 jours de fêtes, permettent un brassage de la population (avec les 30 000  visiteurs étrangers qui rejoignent les 149 500 vénitiens recensés en 1760), diluant quelque peu les frontières sociales – exception faite de la noblesse sénatoriale à qui était interdit tout contact avec les visiteurs étrangers. Enfin, la vie « courtisane » est des plus actives, avec une population péripatéticienne deux fois supérieure à celle du Paris de l’époque qui comptait pourtant 500 000 habitants.

Pourtant, à l’aube de ce XVIIIe siècle, Venise est en plein déclin économique. Si le tourisme et l’agriculture font toujours recette, le commerce s’est restreint : moins de marchands, de banquiers, d’armateurs, sans doute en contre-coup de la découverte des Amériques, qui enleva certainement du piment à la Porte de l’Orient

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